Pour la première fois, le Bénin a réussi à suspendre la vente d’un artefact historique d’une valeur inestimable : une récade en bois ayant appartenu au roi Béhanzin, dernier souverain du Dahomey (1890-1894). Cet objet, symbole de pouvoir et d’autorité, devait être mis aux enchères à Paris. Une victoire historique qui illustre l’engagement du Bénin dans la récupération de son patrimoine culturel spolié.
Une Récade Chargée d’Histoire
La récade, ou sceptre royal, est une massue en bois dur d’une patine rousse et brune, sculptée en forme d’une main fermée tenant un foie. Selon les historiens, ce foie représente celui d’un ennemi vaincu, une métaphore puissante de l’autorité du roi Béhanzin. Cet objet n’est pas qu’un simple artefact : il incarne la souveraineté, la dignité et l’histoire du Dahomey, royaume aujourd’hui intégré au Bénin.
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La Contestation de la Vente à Paris
L’objet devait être vendu aux enchères dans une prestigieuse salle de vente parisienne. Cependant, les autorités béninoises, estimant que cette récade a été illégalement acquise, ont engagé des démarches pour suspendre la vente. Cette action s’inscrit dans une dynamique plus large de revendications des biens culturels africains exposés ou vendus en Europe depuis la période coloniale.
Une Restitution Réclamée au Nom de la Justice Historique
Selon le ministère béninois de la Culture, cette récade fait partie des biens culturels pillés pendant les campagnes militaires françaises au XIXe siècle. À l’époque, de nombreux objets d’art, sculptures, et trésors royaux avaient été emportés comme des trophées de guerre. Pour les autorités, ces objets appartiennent au patrimoine national et doivent être restitués.
Une Mobilisation Internationale Croissante
La suspension de la vente marque une étape importante dans la lutte pour la restitution des œuvres d’art africaines. Depuis quelques années, des pays comme le Nigeria, le Sénégal ou le Bénin multiplient les demandes auprès des musées et des maisons de vente en Europe. En 2021, la France avait déjà restitué au Bénin 26 trésors royaux pillés lors de la conquête du Dahomey. Cette nouvelle bataille montre que les revendications ne faiblissent pas.
Une Symbolique Puissante pour le Bénin mais aussi pour l’Afrique
Le sceptre du roi Béhanzin symbolise non seulement l’autorité royale, mais aussi la résilience d’un peuple face à des siècles de colonisation et de pillage culturel. Sa restitution renforcerait le sentiment de fierté nationale et participerait à la reconstruction d’une mémoire collective.
Des Débats Toujours Vifs aussi bien en Europe qu’en Afrique
Cependant, la restitution des biens culturels africains reste un sujet controversé en Europe. Les musées et les collectionneurs privés justifient souvent la conservation de ces objets en évoquant leur rôle dans l’éducation et la préservation. Toutefois, les critiques dénoncent une forme de néocolonialisme culturel et appellent à des politiques de restitution plus transparentes et systématiques.
Une Éventuelle Restitution : Et Après ?
Si le Bénin parvient à récupérer cette récade, elle rejoindra sans doute les autres trésors royaux exposés dans les musées nationaux du pays. Ces œuvres attirent non seulement les touristes, mais elles servent également à éduquer les générations futures sur l’histoire précoloniale et les richesses culturelles du Bénin.
Conclusion
La suspension de la vente du sceptre de Béhanzin représente une avancée majeure pour le Bénin dans sa quête de justice culturelle. Elle souligne l’importance pour les pays africains de récupérer leur patrimoine spolié afin de préserver leur identité et leur histoire. Cette victoire juridique pourrait encourager d’autres nations à intensifier leurs efforts dans la restitution de leurs trésors culturels. Pour le Bénin, c’est une étape vers la réappropriation d’un passé glorieux et la valorisation de son patrimoine au niveau mondial.
Source: lemonde.fr
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