Le rappeur Kaaris n’a pas eu besoin de clash pour être couronné. À l’INJS d’Abidjan, la foule l’a sacré roi du rap français, brandissant une pancarte explicite : “KAARIS KING OF RAP FRANÇAIS”. Ce geste symbolique, survenu la veille de son concert à Daloa, dépasse le simple hommage : il sonne comme un désaveu direct envers Booba, accusé de s’en prendre à tout rappeur ivoirien tentant de percer en France.
Une ovation populaire pour un retour aux sources
Le retour au pays natal d’Armand Gnakouri, alias Kaaris, a pris des allures de triomphe. Celui que les fans surnomment « Zongo le Dozo » a enflammé l’INJS d’Abidjan. En une heure de show, l’enfant de Cocody a électrisé le public avec son rap hardcore, fidèle à l’univers brut d’Or Noir, son album mythique de 2013.
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Kaaris, héros du peuple contre les critiques de Booba
Le couronnement populaire de Kaaris est également un signal fort : en Côte d’Ivoire, Booba ne fait plus l’unanimité. Ses attaques virulentes à l’égard de Didi B, un autre enfant du pays en quête de reconnaissance internationale, ont été mal perçues. Pour de nombreux jeunes Ivoiriens, le soutien à Kaaris devient un acte de résistance contre les critiques jugées injustes et paternalistes de Booba.
Une opposition silencieuse mais puissante
À l’INJS, aucune attaque frontale. Mais le silence est éloquent. Là où Booba divise, Kaaris unit. Pas de clash, pas de provocations : son seul discours fut celui de la musique. Et dans les gradins, cette pancarte brandie en plein concert résonne comme une réponse collective à des années de mépris.
De Paris à Daloa, une trajectoire ascendante
Après avoir conquis la Paris La Défense Arena en janvier, Kaaris débarque en terre natale en conquérant. À Daloa, le lendemain, il enchaînera un second concert devant plus de 30 000 spectateurs. Une double victoire, pour celui qui, sans tourner le dos à la France, choisit de renforcer ses liens avec la Côte d’Ivoire.
Le symbole d’un rap francophone décolonisé
Ce soutien massif des Ivoiriens à Kaaris dépasse le cadre musical. Il illustre une volonté d’affirmation culturelle : celle d’un rap africain légitime, capable de s’imposer sans renier ses origines. Le message est clair : l’Afrique francophone ne demande plus la validation de Paris, elle célèbre ses propres champions.
Femua, creuset de la fierté culturelle
En accueillant Kaaris, le Femua affirme son rôle de passerelle entre les cultures, et surtout, de catalyseur de l’identité artistique africaine. Organisé par A’Salfo et ses Magiciens, le festival continue de s’imposer comme une vitrine pour les talents du continent et de sa diaspora.
Quand la musique l’emporte sur la polémique
Malgré les tensions latentes dans le rap game, la soirée s’est déroulée sans accroc. Pas de discours politique, pas de règlement de comptes : uniquement la puissance de la scène. Et si Kaaris est salué aujourd’hui comme le roi du rap français, c’est parce qu’il a laissé la musique parler à sa place.
Dans un climat où les controverses font rage sur les réseaux sociaux et où chaque publication peut déclencher une tempête de commentaires, Kaaris a choisi une voie rare mais redoutablement efficace : celle du silence et de la scène. Il a préféré le bruit des basses à celui des clashs, les cris du public à ceux des haters. Ce choix courageux, qui contraste avec les provocations répétées de Booba, lui a valu le respect renouvelé de la scène ivoirienne et au-delà.
La pancarte brandie à l’INJS était bien plus qu’un message de fan : c’était une déclaration politique, culturelle et identitaire. En le qualifiant de “King of Rap Français”, le public ivoirien réaffirme son droit à choisir ses héros et à écrire sa propre histoire du rap francophone. Kaaris n’a pas seulement conquis des foules : il a conquis des consciences. Et cela, aucun clash ne pourra l’effacer.
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